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Le parcours de Stéphane Côté en est un où une certaine effervescence l’entoure concernant la pédagogie. Si vous l’avez déjà rencontré en personne, vous avez tout de suite remarqué son emballement quasi enfantin lorsqu’il parle de l’enseignement. En effet, il cherche, découvre, évalue, mesure l’impact de ses idées qui se tissent autour d’une approche non conventionnelle qu’il décide d’intituler la pédagogie 3.0. En 2012 il quitte son poste de conseiller pédagogique en TIC qu’il occupait depuis plus de quatre ans pour aller lui-même mettre à l’épreuve cette vision de la pédagogie actualisée afin de voir, si oui ou non, il y a matière à partager et à déployer…

À son atterrissage dans la réalité d’une classe, il remarque qu’il avait oublié la pression du temps et ses effets néfastes sur la réflexion. Quand on enseigne, il y a toujours une cloche qui viendra terminer la présente période qui est polluée par mille interventions. De plus, constamment pris dans le tourbillon de préparer la prochaine demi-heure, journée, photocopie, réunion et récolte des observations sur les apprentissages, il est facile de se perdre dans le genre d’omniprésence du sentiment d’urgence. Toutefois, Stéphane se relève les manches et ne se laisse pas abattre par cette réalité. Il cherche un moyen de créer plus d’espace et de temps dans cette course contre la montre et y arrive en appliquant la pédagogie 3.0.

Définition de la pédagogie 3.0 :

Contrairement à une méthode, la pédagogie 3.0 est une approche complète qui englobe :

  • une gestion de classe axée:
    • sur le respect
    • le gain de l’autonomie des élèves.
  • des tâches qui visent
    • l’apprentissage sur à long terme
    • et l’amélioration des stratégies de lecture.
  • et surtout, une motivation intrinsèque de tous les élèves attribuable par la progression des résultats de chacun.

Basé sur l’observation simple qu’un élève qui progresse est un élève engagé, l’ensemble des interventions et décisions prises par l’enseignant et le conseil des élèves est ramené à cet objectif spécifique, soit ce qui peut être déployé afin de favoriser l’amélioration des résultats de tous.

Maintenant, d’où provient la nomenclature de la pédagogie 3.0? elle se veut une référence au changement qui s’est produit sur le Web et fait un parallèle avec l’enseignement.

Introduction sommaire aux 3 pédagogies

Nomenclature Web Web 1.0
Transmission de l’information
Web 2.0
Collaboration, partage
Web 3.0 
Le fureteur s’adapte à son utilisateur.
netscapeNetscape 1999 facebookFacebook 2004 chromeGoogle 2011
Définition Si vous vouliez trouver une information au tournant du siècle, surement que vous avez dû utiliser ce fureteur. Vous arriviez alors, après beaucoup de patience sur une page Web fixe où le contenu ne changeait que si l’auteur décidait de faire une modification. Réseau qui s’est répandu rapidement où chacun peut y écrire ce qu’il vit et où les autres personnes viennent et donnent aussi leur avis. C’est un autre endroit aussi où les gens se réseautent plus facilement que sur le Web seulement. Les blogues feraient partie de cette catégorie, car il y a une interaction entre l’auteur et le lecteur. Peut-être avez-vous remarqué que lorsque vous cherchez une information dans Google, vous trouvez rapidement votre réponse? Par exemple, si je cherche « pilotage » alors que la veille j’ai fureter les mot-clés « Cessena à vendre », Google m’affichera en premier des cours de pilotage! Ainsi, Google « sait » ce que ce qui m’intéresse en fonction de mes recherches que précédentes. On voit aussi ces fonctionnalités apparaître dans Facebook en 2012 où les annonces commerciales sur le côté apparaissent en fonction des mot-clés utilisés dans Google. Ainsi, si vous cherchez un ensemble de patios et que vous allez voir ce qui se passe dans Facebook, vous verrez des annonces d’articles pour la belle saison apparaître alors que vous n’avez rien fait. C’est ce que fait le Web 3.0, c’est-à-dire qu’il affiche une information différente en fonction de l’utilisateur, donc plus approprié à chacun, bien que le Web lui (les informations disponibles) n’ait pas changé en soi.
Nomenclature pédagogique Pédagogie 1.0 Pédagogie 2.0 Pédagogie 3.0
Ici, le prof est un « maitre », il dirige, prend toutes les décisions et transmet la matière de manière essentiellement magistrale. Ces élèves travaillent avec des manuels et des cahiers d’exercices et sont placés en rangs d’ognons. Ici, le prof est un « animateur » et a une approche plus collaborative que directive où il partage certaines décisions avec les élèves. Ces derniers sont placés en équipes et font des projets multidisciplinaires axés sur le plaisir d’apprendre (et l’engagement). Ici, l’enseignant est un guide qui trouve des situations complexes à faire traverser à ses élèves et qui se place en position de relation d’aide par la suite. L’objectif principal est d’outiller l’élève (transmettre l’information pertinente sur sa progression) et de l’aider à sa demande. De plus, avec les exigences de plus en plus complexes d’une réalité de classe, cette approche soulage la tâche de l’enseignant. Lorsque l’élève s’engage, ce qui se passe à tous les coups, l’enseignant n’a plus à tirer ou pousser, à contrôler ou animer, car les tâches découlent de l’engagement des élèves, plus de celle de l’enseignant.
Objectifs
  1. Contrôle
  2. Transmission de connaissance.
  1. Partage
  2. Apprentissage avec des évaluations subjectives.
  1. Progression des résultats de tous les élèves qui sont en fait une conséquence des apprentissages mieux ancrés.
  2. Favoriser la contribution des élèves.

 

Essentiellement, afin d’optimiser l’impact d’un enseignant sur les apprentissages et la réussite, il est important de mentionner qu’il ne faut pas nécessairement dépendre que de l’une seule de ces trois approches. Ce serait l’équivalent à la mode disant que le pamplemousse est un bon pour la santé et qu’on doit se lancer alors dans une diète en ne mangeant que ce fruit. Pour ces mêmes raisons, un enseignant qui propose environ 30 % du temps à chacune des deux premières approches et se réservant un 40% pour la dernière aura un impact qui pourra s’observer dans le gain en fait de résultats de la moyenne de classe de près de 5 %, ce qui n’est pas négligeable.

Bien que l’intention semble être ici d’améliorer les notes, dans les faits, il n’en est rien. La progression des élèves n’est que la conséquence d’un engagement plus actif des élèves. Dans la pédagogie 3.0 bien dosée, l’idée est d’utiliser:

  • La pédagogie 1.0 pour ce à quoi elle est excellente et a encore sa place en 2014, soit de démontrer une application de stratégies efficaces qui sont claires et concises. Des travaux dans des cahiers ne sont pas à proscrire ici, toutefois ils sont à être utilisés avec parcimonie.
  • La pédagogie 2.0 prendra son envol pour réseauter les élèves et pour tirer profit d’une multitude de rétroactions rapides par les pairs. Ces derniers devront toutefois être guidés au début afin que le tout soit bénéfique.
  • La 3.0 quant à elle englobe trois objectifs, soit une gestion de classe axée sur le respect, des tâches de contribution (plutôt que de la collaboration) axées sur l’apprentissage sur le long terme + une amélioration des stratégies de lecture ainsi qu’un ensemble d’organisations entourant les évaluations afin de rendre la progression visible pour tous les élèves, qu’ils aient 30 % ou 90 %.

Ainsi, dans une journée, un enseignant traitera d’un sujet en 1.0, puis réalisera ensuite une activité en 3.0 et poursuivra en 2.0 la période suivante… Tous les profs enseignent déjà avec une tendance vers la 1.0 ou la 2.0. Il ne reste ici qu’à substituer quelques périodes dans ces approches pour de nouvelles avec la 3.0 qui saura de beaucoup maximiser l’impact sur l’apprentissage chez les jeunes. C’est ce qui fait qu’une fois expliquée, la 3.0 est très accessible à ceux voulant obtenir un effet plus puissant et complet sur l’élève.
Pédagogie 3.0

 

Rappelez-vous que la venue de la 3.0 dans votre classe ne remplacera jamais les deux autres. Elle les complète et les bonifie! Même en 2014, on a encore besoin de marcher, de prendre l’auto et si on veut aller visiter un autre continent ou déployer ses ailes ou voler plus haut, rien ne sert de sauter ou de perdre quatre jours en voiture, il est mieux de passer à l’avion. C’est la même chose en pédagogie, bien qu’une grande quantité de conseillers pédagogiques vous diraient le contraire, les élèves ont besoin de travail individuel sur des tâches parfois répétitives. Ils ont aussi besoin de collaborer pour apprendre avec les questions générées par les autres, toutefois pour aller plus loin, on ne peut y arriver seulement avec le travail d’équipe, ou seulement avec les tâches répétitives.

Bref, cet article se voulait un résumé de la pédagogie 3.0. Pour en savoir plus sur les éléments “praticopratique” de la 3.0, je vous invite à cliquer sur les différentes parties de cette représentation (plus bas). Certaines vous mèneront vers des articles qui traitent plus en détail des éléments qui vous intéressent. Rappelez-vous toutefois que les intentions sont importantes et que c’est l’ensemble de ces tâches qui donnent plus que la simple addition des exercices proposés. Ce qui ne vous empêche quand même pas d’essayer pour vous certains trucs offerts ici!

Enfin, pour qu’une tâche puisse obtenir l’approbation de la pédagogie 3.0 (approche “autogénérante”, c’est-à-dire qui se déploie grâce à l’engagement intrinsèque de plus de 95% des élèves), il faut :

  • Que 95% des élèves soient engagés par le plaisir ou la reconnaissance qui découle de la tâche.
  • Que les participants connaissent la finalité de la tâche, soit l’amélioration des résultats scolaires de tous.
  • Que les élèves lisent et interagissent avec les productions des autres.
  • Que le mode de fonctionnement proposé soit la contribution et non la collaboration.
    • La contribution laisse les élèves libres de travailler comme bon leur semble, soit individuellement, soit en petites ou grosses équipes. Toutefois, tous gagnent alors à contribuer aux besoins des autres. Ainsi, les introvertis peuvent devenir très “populaire”, car ils apportent souvent des idées qui sont pensées “hors de la boite”. Alors ceux en groupes peuvent produire plus rapidement. Ainsi, la force de chacun est respectée et amenée à une reconnaissance par les pairs.
  • Une bonification supplémentaire pourra être introduite (salaire sous forme de contrat -voir la vidéo sur les Riens sous la bulle Autonomie dans la section verte de la gestion de classe-, vente des services, ou des produits, points cumulés en équipe lors d’examens). Toutefois cet ajout doit venir stimuler, et non déplacer la motivation intrinsèque de l’élève vers une course au gain qui fait perdre l’engagement réel de l’élève. C’est donc à utiliser avec une grande attention.

Si vous voulez un bel exemple de ces éléments, je vous invite à consulter la bulle (dans la section jaune) qui s’intitule “permanence”.  Lors de cette période, les élèves génèrent des feuilles d’exercices pour leurs pairs et doivent corriger le tout. Ils peuvent le faire seuls ou en équipe et peuvent aussi réaliser les exercices de leurs pairs seuls ou en équipe…

 Au plaisir,

Stéphane Côté